Imaginez la scène : une femme au fond d’un confortable fauteuil, face à un feu de cheminée réconfortant et fascinant ; sur ses genoux, une boule de poils douce et ronronnante. Une image de paix absolue dont le chat est sans nul doute le personnage central et indispensable.
Mais pourquoi et comment ronronne-t-il ? Pourquoi et comment a-t-il tant d’influence sur les humains ?
Un mystère non totalement élucidé
Les félins ne disposent d’aucun organe spécifique du ronronnement. C’est donc grâce à l’enregistrement d’électromyogrammes des muscles du larynx que les scientifiques ont émis des hypothèses sur ce mécanisme. L’électromyogramme est un examen qui permet d’enregistrer l’activité électrique d’un muscle associée à sa contraction. La contraction rapide des muscles du larynx comprimerait et dilaterait la glotte, occasionnant une séparation brutale des cordes vocales.
Cette idée a été contredite : les chats ayant subi une laryngectomie (ablation du larynx) peuvent en effet ronronner en utilisant leur diaphragme. D’autres hypothèses évoquent la vibration de la veine cave, de fausses cordes vocales ou du voile du palais.
Le chat ne livre pas facilement ses secrets.
Tous les félins ronronnent-ils ?
Aucune réponse assurée non plus à cette question.
Certains seraient incapables de ronronner : lions, tigres, léopards, jaguars, panthères. Leur système anatomique ne leur permettrait que de rugir (en raison d’une ossification partielle ou inexistante de l’os hyoïde).
Mais cette nécessité de choix entre ronronnement et rugissement a été remise en cause dans les années 1990 : les « panthérinés » peuvent ronronner, mais plus difficilement que les « félinés ».
Des motivations paradoxales
Le chaton ronronne dès l’âge de deux jours, lors de la tétée ou de la toilette, au contact de sa mère. La chatte utilise le même mode de communication avec sa progéniture. Dans la nature, le ronronnement est limité à ce type de situations.
En revanche, le chat domestique vocalise ainsi au contact de l’homme, d’un autre chat parfois ou d’un objet.
Si ce comportement semble manifester un état de plaisir, on peut aussi penser que des motivations plus profondes existent :
- expression d’une dépendance lorsqu’il attend soins et caresses ;
- réponse positive à une sollicitation : le ronron communique alors sur son état de satisfaction ;
- renforcement des liens sociaux : le chat ronronne en présence d’un chat dominant, évitant ainsi tout conflit.
Selon certains chercheurs, le rôle du ronronnement peut être comparé à celui du sourire humain (Dennis C.Turner et Patrick Bateson, The mother-kitten relationship).
Mais, à l’opposé, le chat ronronne parfois seul, de façon continuelle, en certaines circonstances négatives : lorsqu’il est blessé, malade, stressé, voire mourant. Selon Joël Dehasse, ce serait une façon de s’apaiser, de mieux supporter la douleur (Tout sur la psychologie du chat – Odile Jacob, 2008). Gustav Peters y voit un exemple d’autocommunication.(« Purringand similar vocalizations in mammals », Mammal Review n°32, 2002).
Le ronron comme automédicamentation
Les chats guérissent plus rapidement que les chiens des fractures; ils souffrent moins de maladies osseuses, musculaires ou ligamentaires. Les basses fréquences des ronronnements émis (25 à 50 hz) aurait un effet calmant sur ces différentes pathologies.
Cette hypothèse est à mettre en lien avec les études menées sur l’impact des sons de basse fréquence sur une meilleure gestion des douleurs de ce type. Chez les humains, les kinésithérapeutes les utilisent en électrothérapie pour accélérer la guérison des atteintes osseuses ou musculaires.
Le chat guérisseur
Non seulement les ronronnements sont susceptibles d’apaiser certaines douleurs, mais ils peuvent aussi combattre l’anxiété et le sentiment de stress, une tension artérielle trop élevée ou des troubles du sommeil.
Les sons de basse fréquence sont en effet déclencheurs d’émotions positives. Ils entraînent la production de sérotonine, neurotransmetteur aux effets calmants avérés, souvent appelée « hormone du bonheur ».
La « ronronthérapie » se décline depuis quelque temps à différents niveaux et se commercialise sous forme de CD, qui proposent des programmes de relaxation via l’écoute de ronrons enregistrés.
A Tokyo, il existe des « bars à chats » : les clients peuvent venir y passer un moment de détente en caressant des chats librement accueillis, nourris et logés.
Il sera sans doute plus naturel et plus authentique d’accueillir cet animal magique à la maison. Le ronron de votre chat sera sans nul doute irremplaçable !
Le ronronnement : un langage personnel ?
Le chat domestique aurait développé un ronronnement particulier au contact de l’homme, contenant un cri très aigu comparé à un cri de bébé en sus du ronronnement initial. Il s’agirait d’un ronronnement de sollicitation (information wikipédia).
« Mon chat ronronne tout bizarre, un peu comme un téléphone portable qui vibrerait sur une table en bois, c’est par à-coups brefs et tout le chat vibre en même temps, c’est assez bizarre. Mais la véto m’avait confirmé que c’était bien un ronronnement » (commentaire sur forum).
C’est peut-être au sein d’une réelle situation de communication que ce ronron pourra révéler tous ses pouvoirs.